Les experts ont-ils bien « pigé le truc »
David Lang
Douglas Harding, mon ami et instructeur, disait souvent qu’avant de voir Qui nous sommes vraiment, nous lisons les textes spirituels pour vérifier si nous avons bien « pigé le truc » («le truc» c’est-à-dire notre propre expérience spirituelle), mais qu’après avoir vu, nous les lisons pour vérifier qu’ils sont bien dans le vrai ! Soulignant que la question de mon identité la plus centrale constitue le cœur de la spiritualité, il martelait que je suis la seule et unique autorité pour savoir ce que c’est qu’être moi au Centre, que vous êtes le seul expert sur ce que c’est qu’être vous au Centre. Certes les textes peuvent constituer d’utiles appuis, mais leur pertinence doit être éprouvée sur la pierre de touche de notre expérience, et pas l’inverse.Cet article vous invite à mettre en œuvre votre propre expertise en vérifiant par vous-même si certains maîtres ont bien « pigé le truc ». Je vous propose de tester quelques-unes de leurs affirmations en faisant des « expériences » mises au point par Douglas Harding. Il affirmait que les vérités fondamentales constituant notre vraie nature sont aussi perceptibles et vérifiables que des lois physiques. Si des sages indiquent que, par exemple, nous sommes à la fois un avec toutes choses et vides de toute chose, ou que nous sommes illimités, ou parfaitement immobiles, alors nous ne devrions pas croire ces idées sur parole, mais être en mesure de les vérifier par nous-mêmes. Tout comme nous n‘avons pas à « croire » qu’un objet lourd tombe à la même vitesse qu’un léger. Dans les deux domaines, le spirituel pas moins que le physique, nous devrions être capable de vérifier les propositions par nous-mêmes.
Il est possible d’objecter à ce principe de Douglas Harding que s’il est facile de mesurer la vitesse de chute de deux objets de poids différents - vous pouvez essayer avec un euro et un centime –il est nettement plus difficile de prouver que nous sommes un avec toutes choses. Ainsi cet être exceptionnellement doué et motivé que fut le Bouddha consacra néanmoins des années, si ce n’est de nombreuses existences, à se préparer à l’instant suprême de la réalisation de Soi. Nous ne sommes pas de la trempe du Bouddha, c’est bien là le hic, et ce serait à la fois incroyablement présomptueux et totalement erroné de croire que nous sommes, ici et maintenant, prêts pour l’illumination.
Voici deux réponses à cette objection. Premièrement, comment savons-nous que nous ne sommes pas fin prêts pour la réalisation de Soi ? Si de nombreuses vies sont nécessaires pour être fin prêt, n’est-il pas après tout possible que nous les ayons déjà vécues (et tout simplement oubliées) en ayant accompli tout ce que nécessite la réalisation suprême ? Il se pourrait que notre euro soit juste sur le point de basculer… Cela vaut donc la peine de prendre quelques minutes pour regarder Qui nous sommes vraiment, juste au cas où, n’est-ce pas ? Qu‘avons-nous à perdre ?
La deuxième réponse est encore plus radicale. C’est simplement l’affirmation selon laquelle la réalisation de Soi est simple, qui que nous soyons et quel que soit notre niveau de préparation. Ceci nous conduit naturellement à la première des assertions de maîtres spirituels que je propose de tester. Ramana Maharshi, l‘incontestable expert hindou de la recherche du Soi au XXe siècle, a déclaré :
«Voir Qui vous êtes est plus évident que voir une groseille dans la paume de votre main. »
Quoi de plus évident que de voir une groseille, ou un fruit équivalent selon l’endroit où vous vivez, dans la paume de votre main ? À peu près rien.
Ramana Maharshi, l‘incontestable expert hindou de la recherche du Soi au XXe siècle, a déclaré : «Voir Qui vous êtes est plus évident que voir une groseille dans la paume de votre main. » Quoi de plus évident que de voir une groseille, ou un fruit équivalent selon l’endroit où vous vivez, dans la paume de votre main ? À peu près rien.
Ramana avait-il raison ? Vérifions avec l‘une des expériences de Douglas Harding. S’il vous plaît :
1 . Désignez de l’index vos pieds et observez-les attentivement là-bas.
2 . Désignez de même vos genoux et observez-les attentivement là-bas.
3 . Désignez de même votre poitrine et observez-la attentivement là-bas.
4 . Désignez de même votre tête et voyez l’absence – oui, parfaitement, l’absence – de toute tête ici.
Rien de plus simple que ça, non ?
Bien évidemment je ne vous demande pas d’imaginer qu‘en désignant du doigt votre tête vous allez voir son absence et/ou la votre. Je vous demande de prendre le temps et de faire l’effort (aussi minime soit-il) de regarder réellement. Vous connaissez l’analogie de la différence entre lire le menu et déguster le repas, ou entre feuilleter une brochure touristique d’Hawaï et y passer deux semaines allongé sur des plages de sable blanc en sirotant des margaritas (houps … du jus de fruits !) ? Il en est de même avec les expériences. Se contenter de lire la description du geste de pointer votre absence de tête – la croire sur parole ou l’imaginer – reste très éloigné de l’expérience de la voir réellement. C’est la vision, la perception visuelle, qui compte, et absolument pas le concept ou la représentation. Donc, si vous n’avez pas effectué réellement ce geste auparavant, vous pourriez peut-être le faire maintenant. Lire ce texte sans vérifier par vous-même ses propositions ne vous apportera pas grand chose.
Peut-être penserez-vous que je confonds notre incapacité à voir nos têtes directement, du fait de la présence des organes de vision à l’intérieur, avec la perception de leur véritable absence. En d’autres termes, l’absence que nous voyons n’est qu’une simple tache aveugle physique. Nous avons tous des têtes là où nous sommes ; nous sommes seulement particulièrement mal placés pour les voir.
Pour lever cette réserve, il s’avère utile de distinguer la façon dont les autres nous voient de notre propre perception de nous-mêmes. Lorsque nous nous imaginons tel que les autres nous voient (ou quand nous nous regardons dans un miroir, ce qui en principe revient au même), nous avons évidemment une tête. Il s’agit du point de vue extérieur, indirect, celui de la troisième personne sur nous-même, le point de vue de là-bas, à distance, et en tant que tel il est parfaitement légitime. Mais ce n’est pas le seul. Le point de vue intérieur, direct, en Première personne, le point de vue d‘ici à zéro distance, révèle assez clairement l’absence de tête, et il est tout aussi valable. Ce n’est que lorsque nous avons choisi l’option retenant le point de vue extérieur comme seul valable, décidant que si nous pouvions réellement nous voir nous nous percevrions exactement comme les autres nous voient, à savoir couronné d’une tête sur les épaules, que ce point de vue intérieur semble déficient.
Mais, du point de vue de la Première personne, c’est justement cette hypothèse que nous sommes dans une tache aveugle quand il s’agit de nous voir nous-mêmes qui constitue le véritable angle mort. Le maître zen Huang-Po est limpide à ce sujet. Se référant à la vision directe de l’absence, il déclare sans ambiguïté :
« C’est ce que vous voyez devant vous ; commencez à raisonner sur cela, et vous voilà aussitôt dans l’erreur. »
Lorsque nous raisonnons, que nous appliquons à nos vies l‘hypothèse erronée que nous ne pouvons pas nous percevoir immédiatement, que les autres disposent du seul point de vue légitime, que nous ne pouvons que l’imaginer dans un deuxième temps, alors nous commettons l’erreur fatale de fermer les yeux à la vision authentique de notre absence, cette évidence qui nous pend au nez.
Dans un de ses enseignements, le maître zen Ta-hui décrivit ainsi cette vision de notre absence :
« Elle est vaste et dégagée, totalement vide. »
Revenons donc à notre observation pour voir si sa description correspond à notre expérience, pour voir si oui ou non il avait « pigé le truc ».
1 . A nouveau désignez de l’index votre absence de tête.
2 . Remarquez les contours de votre doigt. Il est petit et limité. Mais qu’en est-il de ce que votre doigt désigne ? Est-ce qu’il pointe vers quelque chose avec des bords, une petite chose, une chose limitée ? N’est-il pas dirigé vers un espace tel que Ta-hui le décrit, « vaste et dégagé, totalement vide » ? Regardez attentivement. Pouvez-vous voir quoi que ce soit là où vous êtes ? Et lorsque votre doigt pointe vers vous, n’êtes-vous pas réellement un espace vaste et dégagé, totalement vide ? N’est-ce pas une bonne description de vous tel que vous vous voyez ?
Alors, pensez-vous que Ta-hui avait « pigé le truc » ? (Je m’abstiens d‘ajouter un «Bien joué, Ta-hui » qui risquerait de sembler un brin condescendant !)
Voir que nous sommes un espace vaste et dégagé revient en fait à dire que nous sommes infini. Rûmî l’exprime poétiquement ainsi :
« Dans cette maison est un trésor que l’univers est trop petit pour contenir. »
Le maître zen Yung-chia Hsuan-chueh affirme :
« Comme le ciel vide, Cela n’a pas de limites, mais Cela est parfaitement à sa place, à jamais profond et clair. »
Et dans des termes quasi identiques un autre maître zen, Yung-chia Ta-shih, constate :
« Comme l’espace Cela n‘a aucune limite, et pourtant c’est bien ici, en nous. »
Vérifions notre infinitude avec l’expérience suivante :
1 . A nouveau, désignez de l’index votre absence de tête, et remarquez comme cet espace vide n’a, littéralement, aucun bord.
2 . Vérifiez en plongeant la main dans l’espace puis en la ressortant. (D’aucuns diront que vous ne faites que déplacer votre main sur le côté de votre tête, dans votre champ de vision et en dehors. Merci bien, mais il ne s’agit là que d’un point de vue extérieur sur votre expérience. Alors que la vérification ne concerne que votre vécu intérieur.)
3 . Votre main limitée ne disparaît-elle pas dans cet espace sans limites, et n’en réémerge-t-elle pas ? N’êtes-vous pas en train de plonger votre main dans l’infini que vous êtes et de l’en ressortir ?
Alors, est-ce que nos experts – Rumi, Yung-chia Hsuan-chueh et Yung-chia Ta-shih – ont « pigé le truc » ? N’êtes-vous pas sans bords ? Ce qui revient à demander : n‘êtes-vous pas infini ?
Mais essayons de pousser un peu plus loin le défi de tester les écritures … comme si voir qu’être vide et infini n’étaient que broutilles ! Et attelons-nous au texte majeur du bouddhisme Mahayana, le Sutra du Cœur. Son prologue indique que le texte va exposer la plus profonde de toutes les vérités spirituelles :
« Hommage à la sublime et noble perfection de la Connaissance Transcendante »
Selon ce sutra, Avalokiteśvara, « le noble bodhisattva et maître en contemplation » ayant fait l’expérience de l’éveil (littéralement « se mouvant dans le cours profond de la Perfection de la Connaissance Transcendante »), remarque que « Ici, … la forme est le vide et le vide est la forme ; le vide ne diffère pas de la forme, la forme ne diffère pas du vide, tout ce qui est forme est vide, tout ce qui est vide est forme … »
Est-ce que le Sutra du Cœur décrit bien « les choses comme c’est » ? Autrement dit, est-ce qu‘il vous décrit correctement ? Jetons un coup d’œil.
1 . Placez vos mains à plat de chaque côté de vos tempes, de telle manière que vous puissiez en voir la moitié dans votre champ visuel, comme si vous étiez un cheval équipé d’œillères .
2 . Remarquez d’abord l’absence de visage entre vos mains, voyez entre vos mains ce vide qui n’est pas rempli par votre visage.
3 . Maintenant voyez que dans cet espace vide entre vos mains apparaît la scène que vous regardez, l’écran de votre ordinateur peut-être, ou votre salon.
4 . Regardez attentivement. Dans l’évidence de l’instant présent je vous met au défi de percevoir (il ne s’agit ni de supposer ni d’imaginer) la moindre distance séparant l‘espace vide et la scène. Comme l’image qui ne fait qu’un avec le miroir dans lequel elle se reflète, la scène que vous voyez ne coïncide-t-elle pas parfaitement avec l’espace qui l’accueille ? La non-dualité entre l’espace vide que vous êtes et les formes qui se présentent n‘est-elle pas parfaite ?
Encore une fois, c’est à vous qu’il revient de dire si oui ou non le texte majeur du bouddhisme Mahayana a « pigé le truc » ou non – s’il décrit avec précision ce que vous êtes pour vous-même.
Nous venons de vérifier un certain nombre de propositions d‘experts spirituels : que la réalisation de soi est simple, que nous sommes fondamentalement vide, que le vide que nous sommes est illimité, et que ce vide paradoxal est aussi formes. Pour faire bonne mesure nous allons poursuivre avec deux autres propositions.
La première prolonge le thème du Sutra du Cœur. Si nous sommes vide et si le vide est formes, alors nous sommes un avec tout, y compris tous les êtres humains. Dogen, le fondateur de la lignée Soto du zen, exprime cela ainsi :
« La véritable personne n’est pas quelqu’un en particulier. Mais comme le bleu profond du ciel sans limites, c’est tout un chacun, partout dans le monde. »
Jésus avait une façon bien à lui d’exprimer la même chose :
« Car, là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. »
[Matthieu 18, 20]
Voici l’expérience destinée à vérifier que voir l’absence de notre tête c’est aussi voir que nous sommes un avec les autres.
1 . Trouvez quelques volontaires, au moins trois ou quatre, disposés à participer à cette expérience.
2 . Formez un cercle resserré en position debout. Vous pouvez éventuellement entourer vos voisins de vos bras.
3 . Regardez vers le bas, et maintenez le regard vers le bas tout au long de l’expérience.
4 . Voyez l’absence de votre tête au-dessus de vos épaules. Autrement dit, remarquez que vous ne ressemblez à personne en particulier.
5 . Constatez l’absence de têtes au-dessus de toutes les épaules. Autrement dit, remarquez que tout un chacun ne ressemble à aucune personne en particulier.
6 . Maintenant, soyez très attentifs : remarquez qu’il n’y a aucune frontière entre votre absence de tête et les autres absences de têtes. Il n’y a en fait qu’une seule absence, comme il n’y a qu’un seul ciel. Elle n’appartient à aucun membre du cercle, et pourtant elle appartient à tous (et aussi à tous ceux qui sont en dehors du cercle). Cette absence est la réalité de tous les membres du cercle – ce que chacun est vraiment.
Quand deux ou trois – ou plus – sont réunis, là « Je Suis », « Je », c’est-à-dire le vide, l’espace, le Soi au cœur de chacun d‘entre nous. Vrai ou faux ?
La dernière expérience vous semblera peut-être assez amusante, une espèce de jeu d’enfants. («Enfantin », ce n’est bien sûr pas du tout la même chose qu‘ « infantile ». Jésus a parlé de cette nécessité de redevenir comme des petits enfants si nous voulons entrer dans le royaume des cieux. Et dans la même veine, Lao-tseu, l’auteur du Tao Tö King, a écrit :
« Le Sage ne voit et n’entend rien de plus que ce que voit et entend un enfant. »
Nous devrions peut-être garder cette distinction présente à l’esprit si l’expérience suivante nous paraît particulièrement infantile.
L’image du calme intérieur est souvent associée à l’expérience spirituelle. T.S. Eliot a écrit au sujet du « centre immobile du monde tourbillonnant » que « c’est en ce centre immobile qu’a lieu la danse. » Le poète soufi Bayazid Bastami était encore plus explicite :
« Pendant longtemps, j’ai pensé tourner autour de la Kaaba. Quand j’ai réalisé Dieu, j’ai vu que c’était la Kaaba qui tournait autour de moi. »
Vérifions l’inspiration de ces poètes : pouvons-nous éprouver ce calme intérieur ici et maintenant, simplement, uniquement en regardant ?
1 . Levez-vous et désignez de l’index l‘espace vide, l’absence de votre tête.
2 . Lentement tournez sur vous-même dans le sens horaire.
3 . Est-ce que cet espace vide que vous désignez bouge ? N‘est-ce pas plutôt le décor derrière votre doigt qui remue, qui glisse lentement de droite à gauche dans le vide ? Pour le dire comme T.S. Eliot, n’est-ce pas la pièce qui danse alors que vous l’observez depuis le centre immobile du monde en mouvement ?
Avant de voir Qui nous sommes vraiment, nous pensons ou imaginons que nous nous déplaçons dans un monde immobile. Après, nous voyons que c’est le monde qui se déplace à travers notre immobilité.
Je voudrais néanmoins conclure ce billet par une mise en garde : si les expériences s’avèrent simples, il serait en effet trompeur, voire dangereux, de suggérer qu‘il en va exactement de même pour la vie spirituelle.
Ce que je viens de dire est une demi-vérité, plus exactement la moitié de la vérité, alors que la vérité dans son entièreté s’avère paradoxale. Nous avons d’abord expérimenté comme il est simple de voir Qui nous sommes vraiment, ici et maintenant. C‘est en fait la chose la plus simple au monde. Tout ce que nous avons à faire est de remarquer l’absence de notre tête. Et comme l’expérience a toujours lieu ici et maintenant (jamais dans le futur), il est toujours simple de voir Qui nous sommes vraiment. Remarquer que nous sommes vide, infini, un avec tous les êtres et parfaitement immobile, c’est du gâteau !
D’un autre coté, maintenir cette vision de Qui nous sommes vraiment à chaque instant peut s’avérer très exigeant (même si partager cela avec des amis aide beaucoup, l’expérience étant contagieuse). Pour que la conscience d’être espace d’accueil devienne naturelle, il faut une sérieuse motivation et des efforts. C’est déjà un premier défi de se figurer intellectuellement à quel point les visions intérieure et extérieure de nous-mêmes se complètent harmonieusement – je n’ai fait ici qu’effleurer brièvement le sujet, il y aurait tant à dire. Mais le défi majeur, c’est d’assumer pleinement l’impératif spirituel de vivre et d’œuvrer à partie de la conscience d‘être cet espace d’accueil – d’être éveillé au plein sens du terme.
Qu’est-ce que cela signifie pratiquement dans notre vie relationnelle, par exemple, lorsqu‘en regardant une autre personne, nous constatons que nous ne sommes pas en situation de face-à-face mais d’espace-à-face : capacité pour cette personne d‘y apparaître, comme l’a dit Douglas Harding ?
Rûmî décrit ainsi la radicalité de cette relation spirituelle :
« Sa forme [notre visage] a disparu, il est devenu miroir : dans cet espace vide seul subsiste le visage de l’autre. »
Cette simple observation, si évidente, si triviale, si accessible, bouleverse cependant nos plus sincères conceptions de nous-mêmes et des autres ; elle nous permet d’entrer en relation et de nous comporter de façon fondamentalement différente de nos conditionnements culturels habituels.
« Qu‘il est merveilleux le chemin de l’Amour lorsque règne l’absence de tête. »
… a écrit Hafez, un poète soufi : une chemin à la fois merveilleusement simple et incroyablement difficile.
Bref, il me semble que nous ne devrions ni sous-estimer trop vite cette « voie sans tête », parfois accusée d’être trop simple pour être crédible, ni occulter ses difficultés. Douglas Harding affirma en effet qu’il est beaucoup plus facile de gagner un million de dollars – avec l’inflation ce serait un milliard aujourd’hui – que de vivre pleinement toutes les tribulations de la vie à partir de Qui nous sommes vraiment. S’il est simple de voir son absence de tête (Dieu merci!), c’est un véritable défi – mais le jeu en vaut largement la chandelle – de vivre sur le fondement de cette absence, de mettre à l’épreuve, dans le creuset de Qui nous sommes vraiment, la citation de Hafez et celles de tous les autres experts sur des questions spirituelles aussi profondes que la souffrance, le lâcher-prise, la libération et l’immortalité.
Nous sommes tous confrontés à de nombreux problèmes, et, au moins pour partie, la vie spirituelle sert à les résoudre. Je terminerai donc par une dernière citation de Ramana Maharshi, en vous laissant le soin de vérifier si oui ou non il avait bien « pigé le truc » :
« La réponse à votre problème, c’est de voir qui l’a. »
Le dernier livre de David Lang, « A flower in the desert », est disponible aux éditions
Non-Duality Press. Une excellente lecture, disponible en anglais au format de poche et e-book.